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Covoiturage subventionné vs VTC : qui gagne vraiment la bataille des trajets du quotidien ?

VTC et covoiturage en 2025 : concurrents ou voisins de palier ?

Par Kevin Castel

Les chauffeurs VTC, vous le savez, naviguent dans un paysage de mobilité qui change vite. Très vite. À peine avez-vous digéré les ZFE que les plateformes vous doublent par la droite avec des offres hybrides. Alors, où en est-on exactement avec les VTC et le covoiturage ? Et surtout : est-ce qu’ils vous volent votre clientèle ou est-ce qu’ils ramassent ce que personne ne voulait vraiment transporter ?

Le marché des VTC en 2025

Avec 77 500 chauffeurs actifs (dont 81 % en Île-de-France), les VTC représentent une offre très concentrée, ultra-urbaine, pilotée par quelques plateformes. Uber reste le géant (70 % de parts de marché), suivi de Bolt, Heetch, Freenow… avec chacun sa stratégie : commissions plus basses, services de nuit, flottes électrifiées, ou créneaux pros.

Mais la rentabilité d’un VTC en 2025, c’est entre 2 000 et 5 000 € net par mois, en travaillant bien. Le tarif minimal est passé à 9 € la course et 30 €/h, ce qui freine les plus petits trajets… et fait émerger un besoin non couvert.

Le covoiturage local explose

On ne parle pas ici de Blablacar Paris-Marseille du vendredi soir, mais bien du covoiturage quotidien, type Karos, Klaxit, Mobicoop… Ces plateformes organisent des trajets domicile-travail subventionnés : un passager paie 1 €, le conducteur touche 2 € par passager, et l’État complète. Résultat : 858 238 trajets mensuels en juin 2025, sot un doublement en deux ans.

Le tout financé par 203 millions d’euros d’aides publiques. Pas étonnant que le modèle attire du monde.

Qui utilise quoi ? Et pourquoi ?

Les VTC séduisent des profils jeunes (67 % ont moins de 34 ans), urbains, connectés, et prêts à payer pour de la souplesse. Courses nocturnes, aéroports, déplacements pros : ils veulent de l’instantané, pas du planifié.

Le covoiturage, lui, ratisse large : actifs de tous âges, zones rurales ou périurbaines, passagers motivés par le prix (94 %). Le conducteur rentabilise son trajet, le passager évite sa voiture ou un bus mal fichu.

Les fréquences d’usage ne sont pas comparables. Le VTC : 4 à 5 fois par mois. Le covoiturage : tous les jours de la semaine.

VTC vs covoiturage : comparaison des coûts

Trajet Prix en VTC Prix en covoiturage
20 km, centre-ville 40 à 50 € 1 à 4 € (subventionné)
20 km, sans subvention 20 à 25 € (rare) 4 € (0,20 €/km)
Temps d’attente Plus ou moins instantané (appli) Nécessite planification

En clair : le VTC coûte entre 10 et 40 fois plus cher, mais il est disponible à tout moment, ce qui change tout en cas d’urgence, bagages, météo ou horaires décalés.

Les zones de concurrence directe

Là où le VTC et le covoiturage se marchent dessus, c’est sur les petits trajets domicile-travail en région dense. Exemple : Vincennes – La Défense : 1 € en Karos avec pass Navigo, 30 € minimum en Uber. Dans ces cas, les chauffeurs VTC perdent des clients réguliers au profit de trajets subventionnés.

Autre point sensible : les heures de pointe. Quand Uber augmente ses prix de 70 %, Karos reste fixe. Et c’est le VTC qui trinque.

Les zones de complémentarité

Mais le VTC garde des avantages là où le covoiturage ne sait pas faire :

En zone rurale, le covoiturage a sa place pour les longues distances répétitives. Le VTC reste pertinent pour les besoins ponctuels et ciblés.

Impact du covoiturage sur le VTC

Les chauffeurs VTC ressentent une baisse des courses régulières. Moins d’abonnés matin/soir, plus de clients occasionnels ou premium. Pour s’en sortir, certains montent en gamme, d’autres diversifient :

  • Courses événementielles
  • Transferts hôteliers
  • Services de transport sur réservation directe

Et surtout, ils tentent de créer leur propre clientèle pour limiter les frais de plateforme.

Le cadre réglementaire : des mondes

  • VTC : transport à titre onéreux → carte pro, assurance spécifique, obligations fiscales et sociales.
  • Covoiturage : partage de frais → exonéré d’impôts si en dessous du barème kilométrique.

Cette asymétrie réglementaire crée des distorsions concurrentielles que dénoncent les syndicats VTC. Surtout quand l’État finance un service qui aspire leur clientèle.

Et pour les futurs chauffeurs ?

Le taxi, lui, reste un service réglementé, avec maraude, station, et contrats conventionnés. Il ne subit pas la concurrence frontale du covoiturage. Mais pour ne pas être contourné par ces offres en marges, mieux vaut :

  • Miser sur la proximité locale
  • Créer des partenariats institutionnels (mairies, hôpitaux, entreprises)
  • Travailler sa réputation numérique
  • Proposer des services spécialisés (PMR, médical, scolaire…)

La connaissance du terrain et la relation client directe sont vos armes face aux plateformes et aux trajets sponsorisés.

Crédit photo : © Freepik

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