Quand un passager s’effondre ou ne répond plus, il ne vous demande pas si vous êtes médecin. Il attend que quelqu’un réagisse. En tant que chauffeur de taxi, vous êtes le premier maillon mobile du secours urbain, et ce rôle, même s’il n’est pas écrit en toutes lettres sur la carrosserie, vous engage.
Deux statuts, un même devoir
Que vous soyez taxi classique ou conventionné CPAM, l’urgence médicale ne fait pas de distinction.
Un taxi dit “normal” transporte tout type de clientèle, sans encadrement particulier. Il peut se retrouver face à une situation imprévue : malaise vagal, hypoglycémie ou angoisse violente. Quant au taxi conventionné, qui assure des transports assis médicalisés (TAP), il est plus souvent confronté à des patients fragiles ou chroniques.
Mais dans tous les cas, le Code pénal est clair : vous avez le devoir d’assistance (article 223-6). Si vous pouvez éviter un dommage corporel sans risque pour vous, vous devez le faire.
Urgences les plus fréquentes : ce que les chiffres montrent
D’après les retours de terrain de la FNDT, 1 taxi sur 5 a déjà fait face à une urgence médicale.
Les situations rencontrées :
- Malaise vagal : chute de tension, visage pâle, sueurs.
- Hypoglycémie : troubles de la parole, tremblements, perte de connaissance.
- Douleurs thoraciques : toujours suspecter un problème cardiaque.
- Crise de panique ou confusion mentale : surtout chez les personnes âgées.
Les profils à risque :
- Clients âgés de plus de 70 ans.
- Patients sous traitement lourd (chimiothérapie, dialyse, diabète).
- Personnes en sortie d’hôpital, encore faibles.
Que faire concrètement si l’urgence survient ?
Pas de panique, pas d’improvisation. Voici l’ordre d’action.
- Sécuriser la zone : stationnez dans un endroit sûr, warning, frein à main, moteur coupé.
- Évaluer la situation :
- Le client est-il conscient ?
- Parle-t-il ? Respire-t-il ?
- Appeler immédiatement les secours :
- 112 (urgence européenne)
- 15 (SAMU) pour un avis médical direct.
- Mettre en position adaptée :
- Inconscient mais respire ? Position latérale de sécurité.
- Malaise sans perte de conscience ? Allongé, jambes surélevées.
- Ne jamais reprendre la route avant que les secours ne prennent en charge la personne.
Intervenir ou pas : le PSC1 est-il obligatoire pour devenir taxi ?
Un chauffeur n’est pas médecin, mais il peut sauver une vie avec les bons gestes. À condition d’être formé.
Le PSC1 (Prévention et Secours Civiques de niveau 1) n’est pas obligatoire pour devenir taxi mais il est fortement recommandé. C’est une formation d’un jour, un coût modéré (entre 60 et 80 €) et dispensée par la Croix-Rouge, la Protection Civile ou les pompiers.
Sans cette formation, n’intervenez pas au-delà du bon sens : pas de massage cardiaque à l’aveugle, pas de médication, pas de mouvement brusque.
Ce qu’il faut avoir dans votre véhicule
Un minimum d’équipement peut faire gagner un temps précieux :
- Téléphone chargé, géolocalisation activée.
- Trousse de secours : compresses, gants, antiseptique, couverture de survie.
- Carnet avec les numéros d’urgence : 112, 15, 18 visibles dans la cabine.
- Eau et sac plastique en cas de nausée.
- Lingettes désinfectantes, pour vous et pour les surfaces.
Des situations concrètes pour mesurer l’impact
Lyon, mai 2024 : Un client dialysé fait une détresse respiratoire. Le chauffeur, formé PSC1, place la victime en position semi-assise, alerte le 15. Le SAMU arrive 6 minutes plus tard, hospitalisation évitée.
Strasbourg, mars 2023 : Une hypoglycémie sévère est détectée à temps grâce à l’attention du conducteur. Un jus de fruit à bord, un appel immédiat, une prise en charge rapide. La patiente est repartie le lendemain.
Anticipez plutôt que de subir
Quelques réflexes simples vous protègent, vous et vos passagers :
- Observer vos clients dès la montée : visage pâle, comportement inhabituel, respiration courte.
- Communiquer calmement, même si vous êtes stressé.
- Préparer le terrain : véhicule propre, clim régulée, banquette dégagée.
- Prévenir la CPAM ou votre centrale en cas de transport conventionné interrompu.
Un chaînon discret mais indispensable
Vous n’êtes pas urgentiste, mais vous êtes celui qui est là quand personne d’autre ne l’est encore.
Un taxi réactif, formé et équipé peut transformer une situation critique en incident maîtrisé. Et dans une profession souvent jugée sur la rapidité, la bonne réaction au bon moment vaut plus qu’une course bien payée.
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