Transporter une personne en fauteuil roulant ne s’improvise pas. En 2025, les taxis doivent répondre à des exigences techniques, réglementaires et humaines bien précises pour proposer un service TPMR (transport de personnes à mobilité réduite) conforme, efficace et rentable. Voici le guide complet, sans détour.
Obligations légales et normes techniques
Le cadre légal est fixé. Il s’appuie sur la loi du 11 février 2005, l’arrêté du 29 décembre 2020 et le règlement UE 214/2014. Toute entreprise de taxi qui souhaite transporter des PMR doit utiliser un véhicule homologué TPMR.
Les exigences ?
- Hauteur minimale sous plafond de 1400 mm, porte arrière d’au moins 1350 mm
- Rampe d’accès de 730 mm de large (800 mm dès deux fauteuils)
- 4 sangles d’arrimage certifiées ISO-10542-1, résistance 20 g
- Ceinture 3 points obligatoire pour le passager
- Bandes jaunes visibles, pictogrammes normalisés, et signalétique adaptée
Sans ces équipements, aucun transport légal de PMR n’est possible. Le contrôle technique en 2025 vérifie systématiquement leur présence et leur conformité.
Véhicules et transformations adaptées
Les grands classiques homologués TPMR sont bien connus des professionnels :
- Renault Kangoo TPMR, Citroën Berlingo XL, Peugeot Rifter, Ford Tourneo Connect pour les modèles compacts.
- Pour transporter plusieurs passagers ou du matériel médical : Renault Trafic, Ford Transit, Citroën Jumper, Master TPMR.
Vous avez déjà un véhicule ? Il peut être transformé, à condition de passer par un carrossier agréé. Cela implique le décaissement du plancher, l’ajout d’une rampe (manuelle ou motorisée) ou d’un hayon, la fixation des ancrages et parfois la reconfiguration des sièges.
Un détail : la transformation doit être certifiée, sinon c’est une homologation impossible.
Sécurité obligatoire : ce qui doit être installé
Les systèmes d’accès peuvent être mécaniques ou électriques. La rampe manuelle est plus économique mais nécessite de l’effort ; la rampe motorisée ou le hayon permet l’autonomie du passager.
Le fauteuil doit être attaché à quatre points, avec fixation uniquement sur les parties rigides. La ceinture du passager est indépendante de celle du fauteuil, et l’ensemble doit être résistant aux crash-tests. Toute installation non homologuée expose à un refus d’assurance.
Homologation et carte grise
Un taxi TPMR doit avoir une mention spéciale “Handicap” sur la ligne J3 de la carte grise. Pour l’obtenir, trois types de réception existent :
- Réception communautaire (la plus simple avec un véhicule neuf transformé par un professionnel)
- Réception individuelle (DREAL)
- Réception à titre isolé (pour véhicules d’occasion aménagés)
Tout véhicule modifié doit respecter la directive 2007/46 CE et le règlement 2018/858. Le carrossier vous remet un PV d’aménagement, à joindre au dossier d’homologation.
Formation obligatoire du conducteur
Transporter une personne en fauteuil ne s’improvise pas. Une formation TPMR de 14 heures est obligatoire, en plus de la carte professionnelle de taxi.
Elle couvre :
- Les gestes d’assistance sécurisés
- La communication adaptée
- La maîtrise des équipements spécifiques
La formation donne lieu à une attestation de compétence, et s’accompagne d’une visite médicale périodique.
Financements disponibles en 2025
Bonne nouvelle : plusieurs aides publiques existent. La prime à l’accessibilité (Paris 2024) couvre jusqu’à 40 % du coût d’un véhicule TPMR neuf électrique, dans la limite de 16 500 €. Pour un modèle Crit’Air 1, c’est 9 500 €.
L’AGEFIPH, de son côté, propose jusqu’à 12 000 € par an pour les aménagements et le transport adapté. Certaines aides locales (conseils régionaux, MDPH) viennent compléter ce dispositif.
Attention, ces aides ne sont pas automatiques. Il faut déposer un dossier complet, souvent avant l’achat.
Un marché rentable mais exigeant
Les conventions avec la CPAM permettent un forfait de prise en charge revalorisé à 13 € + 15 € dans les grandes villes. Un supplément TPMR de 30 € est désormais applicable, en plus du tarif kilométrique (1,50 à 2,50 €/km).
Autre avantage : la clientèle PMR est fidèle, les trajets sont souvent réguliers et planifiés. Le segment est encore peu concurrentiel, surtout en zone périurbaine.
En revanche, l’investissement est conséquent. Un véhicule neuf adapté dépasse facilement les 70 000 €. Même une transformation coûte entre 7 000 et 15 000 €.
La rentabilité repose sur une planification rigoureuse, une convention CPAM, et un minimum de 3 à 4 courses par jour.
Erreurs à éviter et retours du terrain
Des erreurs fréquentes sont à éviter :
- Acheter un véhicule TPMR sans étude de marché et sans se renseigner.
- Oublier que les clients PMR ne sont pas tous malades : ils ont des attentes de service élevées.
- Ne pas entretenir les équipements spécifiques (rampe, hayon, sangles).
Bonnes pratiques pour fidéliser
Soigner l’accueil, proposer une prise en charge respectueuse et ponctuelle, anticiper les besoins : ce sont des éléments déterminants. Les meilleurs taxis TPMR disposent souvent d’un petit carnet de clients récurrents et fonctionnent sur recommandation.
Un dernier conseil ? Équipez-vous progressivement. Commencez avec un véhicule transformé d’occasion si votre budget est limité, développez votre réseau médical, puis envisagez une montée en gamme.
Dans ce métier, la rigueur paie. Et parfois même plus vite qu’on ne croit.
Crédit photo : © Freepik


