L’ère du vélo cargo touche ses limites : de plus en plus de livreurs Uber Eats passent la seconde et s’engagent sur la voie du VTC. Et ce n’est pas juste une mode.
Deux métiers, deux univers juridiques
Uber Eats et Uber VTC portent le même nom, mais leur encadrement n’a rien de commun. Le premier est un service de livraison de repas. Pour y accéder, pas besoin de diplôme, de permis ni de formation. On s’inscrit en ligne, on pédale, on livre. Un SIRET suffit.
Le second transporte des personnes contre rémunération. Et là, le parcours est tout autre : il faut une carte professionnelle VTC, un véhicule homologué, une assurance spécifique, et surtout une formation validée par un examen, théorique et pratique.
On ne bascule donc pas d’un statut à l’autre d’un simple clic. Il faut tout reprendre à zéro, ouvrir un nouveau compte VTC (distinct de celui de livraison), suivre une formation entre 60 et 300 heures, et passer l’examen. Sans oublier l’achat ou la location d’un véhicule répondant aux normes VTC.
Mais ce parcours, pourtant exigeant, attire. Et les chiffres le confirment.
La tendance se confirme : de plus en plus de livreurs en transition
En 2024, Uber Eats comptait plus de 65 000 livreurs actifs en France. Du côté des VTC, toutes plateformes confondues, on compte environ 77 500 chauffeurs.
Sur ces dizaines de milliers de chauffeurs, 15 à 20 % des nouveaux inscrits en formation VTC en 2023–2024 sont d’anciens livreurs. Une reconversion massive, documentée par l’Observatoire VTC.
Pourquoi ce glissement ? Pour de nombreuses raisons. Mais la principale reste économique.
Des revenus VTC qui font réfléchir
Un livreur Uber Eats effectue en moyenne 10 à 20 courses par jour. Chacune est rémunérée entre 2 et 5 euros. Résultat : une journée pleine rapporte rarement plus de 100 € brut.
Côté VTC, la donne change : une course moyenne est facturée 10 à 25 €. Sur une journée classique, un chauffeur VTC peut atteindre 150 à 200 € brut, voire plus sur les plateformes comme Bolt ou Heetch aux heures de pointe.
Mais attention : si les revenus grimpent, les charges aussi. Assurances pro, carburant, amortissement du véhicule, entretien, redevances des plateformes, tout cela pèse. Il faut une vraie organisation pour dégager une rentabilité correcte.
Investir dans un nouveau métier : ce qu’il faut anticiper
Passer de livreur à chauffeur VTC, c’est aussi changer de posture professionnelle.
| Critères | Uber Eats | Uber VTC |
| Véhicule requis | Vélo / scooter / petite voiture | Véhicule homologué VTC |
| Coût d’entrée | < 500 € | Entre 10 000 et 25 000 € |
| Contact client | Limité | Relation directe et fréquente |
| Tenue et présentation | Aucun code | Attente de tenue professionnelle |
| Formation | Aucune | Formation VTC + examen |
| Revenu brut mensuel | 800 à 1 500 € | 2 000 à 3 000 € (variable) |
Autrement dit : on quitte le short-Décathlon pour la chemise repassée. Et cela ne convient pas à tout le monde.
Des atouts mais aussi des freins à ne pas négliger
Les avantages perçus par les livreurs sont clairs :
- Revenus plus élevés.
- Statut plus valorisé, parfois mieux accepté par l’entourage.
- Moins d’effort physique, surtout pour ceux qui livraient à vélo.
- Plus de structure et de régularité, via les réservations programmées.
Mais il faut être prêt à :
- Payer une formation (1 500 à 2 500 €).
- Investir dans un véhicule adapté.
- Attendre plusieurs mois pour obtenir la carte pro.
- S’adapter à une relation client plus exigeante.
Les cinq conseils de CLF Formation pour une transition réussie
- Se former dans un centre agréé, éligible CPF ou financé par France Travail comme l’est CLF Formation.
- Comparer les LOA ou les formules de location longue durée avant d’acheter.
- Anticiper l’examen VTC : il n’est pas automatique, et l’échec est fréquent sans préparation sérieuse.
- Prévoir une période de transition : gardez votre activité de livraison en attendant d’avoir tous les papiers.
- Évaluer votre appétence au contact humain : un VTC passe la journée à discuter (ou à écouter).
Le passage d’Uber Eats à Uber VTC séduit de plus en plus de travailleurs indépendants. Ce changement n’est pas une simple mise à jour de l’application. C’est un virage de métier, qui demande de la rigueur, des moyens, mais peut offrir un quotidien mieux rémunéré, plus cadré et moins pénible physiquement.
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