Dans le monde du transport, le VTC touristique n’est pas juste une déclinaison haut de gamme. C’est une activité à part entière, avec ses propres règles, ses exigences, et un niveau d’attente client bien au-delà du simple “bonjour-au revoir”. Voici tout ce qu’il faut savoir pour démarrer avec les bons repères.
Les bases légales : pas de tourisme sans carte
Avant de parler circuits, patrimoine ou œnologie, il faut être en règle.
Pour obtenir la carte VTC, vous devez :
- Avoir le permis B depuis au moins 3 ans (2 ans si conduite accompagnée).
- Présenter un casier judiciaire vierge (bulletin n°2).
- Passer une visite médicale auprès d’un médecin agréé.
- Réussir l’examen VTC (épreuve théorique et conduite pro).
- Demander votre carte professionnelle auprès de l’Imprimerie nationale.
- Vous inscrire au registre national des VTC.
Et ce n’est pas terminé : tous les 5 ans, une formation continue de 14 heures est obligatoire pour conserver votre carte à jour.
Ce qui différencie le VTC touristique
Le VTC touristique, ce n’est pas transporter un passager d’un point A à un point B. C’est lui faire vivre une expérience. Cela implique :
- Des circuits personnalisés, pensés autour du patrimoine local.
- Une présence discrète mais proactive, avec des commentaires adaptés et documentés.
- Une maîtrise du temps, du protocole et de la présentation.
- Une capacité à gérer les attentes d’une clientèle internationale et exigeante.
Vous êtes à la fois chauffeur, concierge et ambassadeur local.
Le véhicule : pas de place pour le moyen
La voiture doit correspondre à votre positionnement. Berline haut de gamme, minivan premium, ou électrique bien équipé… mais en aucun cas une citadine d’entrée de gamme.
Les modèles classiques du secteur :
- Mercedes Classe E ou V
- BMW Série 5 ou 7
- Audi A6 ou A8
- Tesla Model S ou Y pour la version décarbonée
- Toyota Prius ou Corolla hybrides
Il faut viser un véhicule de moins de 6 ans, spacieux, silencieux, propre, et équipé de Wi-Fi, chargeurs, eau, et clim bi-zone. Vos clients n’attendent pas moins.
Un service ne s’improvise pas : formez-vous
Être incollable sur les monuments de votre région, c’est un bon début. Mais ce n’est pas suffisant. Vous devrez investir dans des cours de langue, anglais obligatoire, espagnol ou mandarin appréciés et dans une formation en guidage touristique, dispensée parfois par les offices de tourisme. Des modules sur l’accueil haut de gamme, la gestion du stress et les codes protocolaire sont également un plus.
Certains chauffeurs vont plus loin et obtiennent des certifications œnologie ou culturelles locales. Très utile pour des circuits thématiques comme “les plus beaux châteaux de la Loire” ou “Route des vins d’Alsace”.
Un statut adapté à votre ambition
Pour démarrer, la micro-entreprise peut suffire. Comptabilité allégée, peu de charges, démarrage rapide. Mais dès que vous envisagez d’embaucher, de travailler avec des partenaires ou de développer une clientèle haut de gamme, il vaut mieux passer en SASU ou EURL. Vous pourrez déduire vos charges, avoir un compte pro, et mieux sécuriser votre patrimoine personnel.
Positionnement et marketing : vous ne serez pas seul
Dans un marché où Uber a standardisé le VTC, vous devrez vous différencier :
- Créez une identité visuelle claire (logo, site, plaquette).
- Proposez des circuits nommés : “Paris Gourmand”, “La Provence Médiévale”, “Normandie en 3 jours”.
- Équipez-vous d’un site internet avec réservation directe.
- Référencez-vous sur des plateformes touristiques (ZapVTC, Tourisme & Transport).
- Partenariez avec des hôtels, des agences de voyages, des conciergeries d’hôtels.
Ce sont ces relais qui vous enverront vos clients les plus réguliers et les mieux rémunérés.
Tarification : faire payer ce que vous valez
Les tarifs VTC classiques ne s’appliquent pas ici. Un transfert aéroport en berline luxe se facture entre 80 € et 150 €, selon la ville et le standing. Une mise à disposition à la demi-journée peut démarrer à 250 €. Une journée complète, avec itinéraire sur mesure, atteint fréquemment 500 à 700 €.
Ce tarif doit inclure le carburant, l’attente, les assurances, les prestations annexes… mais aussi votre expertise.
Réseaux, avis et fidélisation : à ne pas négliger
Un bon chauffeur touristique :
- Répond vite aux demandes par mail ou WhatsApp Business.
- Collecte des avis clients systématiquement.
- Maintient une présence sur les réseaux sociaux, en partageant des anecdotes, des photos ou des recommandations.
- Reste en lien avec ses anciens clients pour proposer d’autres circuits à leur retour.
Une relation suivie avec 50 clients fidèles vaut souvent mieux qu’un passage éclair sur une plateforme saturée.
Le récapitulatif pour devenir VTC touristique
- Obtenez la carte VTC, en respectant chaque étape.
- Investissez dans un véhicule de standing adapté au tourisme.
- Formez-vous aux attentes d’une clientèle haut de gamme et touristique.
- Choisissez le bon statut pour anticiper votre croissance.
- Développez votre image, vos partenariats, et vos outils de réservation.
- Adoptez une tarification claire, rentable, et à la hauteur du service rendu.
Ce métier ne s’improvise pas, mais il peut offrir un vrai confort de travail et des revenus intéressants, surtout dans les zones touristiques majeures. À condition d’être aussi rigoureux qu’un guide-conférencier, aussi ponctuel qu’un train japonais, et aussi réactif qu’un chef d’hôtel cinq étoiles.
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