Une formation, un examen, une carte pro. Jusqu’ici, rien ne bouge. Mais une fois passé le cap de l’Atlantique, quelques paramètres techniques méritent un éclairage précis. Dans les départements d’outre-mer, le métier de taxi repose sur le même socle réglementaire qu’en métropole. Toutefois, chaque territoire y appose ses spécificités administratives, fiscales… et même climatiques.
Un cadre réglementaire identique… mais localisé
Le décret du 6 avril 2017 encadre le transport public particulier de personnes sur tout le territoire français, y compris les DOM-TOM. Cela inclut la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte.
Mais les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) locales orchestrent la formation et l’examen de manière autonome. Résultat : le tronc commun est conservé, mais le calendrier, les centres, et parfois même le contenu pratique de la formation varient d’un territoire à l’autre.
En Martinique, par exemple, on recense 4 sessions d’examen par an, contre une fréquence variable en Guyane selon les inscriptions. Il est donc indispensable de consulter le calendrier local.
La formation taxi : identique sur le fond, ajustée sur la forme
Les deux épreuves – admissibilité (théorie) et admission (pratique) – restent obligatoires. Elles sont rigoureusement calquées sur le format métropolitain : QCM, QRC, mise en situation de conduite réelle.
Mais certains territoires, comme la Guadeloupe, mettent en place des formations spécifiques dites “mobilité”, à destination des chauffeurs métropolitains souhaitant s’implanter localement. Ces modules abordent les différences juridiques, culturelles, et les spécificités terrain : topographie, circuits touristiques, tarification insulaire.
Tarifs d’examen : aucune surprise de ce côté-là
L’examen est harmonisé à l’échelle nationale. 237 € pour les deux épreuves. 116 € pour une admission seule. Le tarif reste inchangé, sauf pour la Guyanne où il y a une petite exception l’examen est tarifé 233 €, soit une légère différence administrative, probablement liée à la structuration locale des CMA.
Des licences moins chères, mais non déplaçables
Une fois diplômé, vous devrez obtenir une Autorisation de Stationnement (ADS). Elle est strictement territoriale : aucun transfert possible entre métropole et DOM.
Cela signifie que si vous êtes déjà taxi à Lyon, vous ne pouvez pas poser vos valises à Pointe-à-Pitre en espérant utiliser votre licence actuelle.
Il faudra :
- Suivre une formation mobilité obligatoire.
- Repasser (ou faire reconnaître) l’examen local.
- Demander une nouvelle carte professionnelle auprès de la préfecture.
- Acquérir une ADS locale, soit par attribution, soit en l’achetant sur le marché secondaire.
Dans les DOM, les ADS sont bien moins chères. Exemple ? Une licence touristique en Guadeloupe s’affiche autour de 35 000 €. C’est 5 à 6 fois moins qu’à Paris ou Bordeaux.
Régime fiscal et TVA : une différence qui compte
Les DOM bénéficient d’un régime de TVA spécifique :
- 8,5 % en Guadeloupe, Martinique, La Réunion.
- 0 % (TVA non applicable) en Guyane et Mayotte.
Cela représente un gain net sur chaque course. En clair, moins de TVA collectée = plus de marge par course.
Côté cotisations sociales, le régime reste identique à celui de la métropole. Cependant, une exonération de charges est possible durant les 24 premiers mois, sous conditions de revenus. L’URSSAF locale gère cette démarche.
Tarifs et rentabilité : du tourisme dans le moteur
Les tarifs des courses sont encadrés par arrêté préfectoral, comme en métropole. Par exemple, en Guadeloupe, une course entre l’aéroport Pôle Caraïbes et la gare maritime est plafonnée à 25 €.
Mais ce n’est pas la tarification qui fera toute la différence. C’est le volume d’activité.
La Guadeloupe, la Martinique et La Réunion tirent une bonne partie de leur demande du tourisme. C’est un atout, surtout en haute saison. En revanche, sur le plan strictement local, le volume de population est plus faible qu’en métropole. Moins d’habitants = moins de courses régulières.
Visibilité numérique obligatoire
Depuis 2021, tous les taxis doivent être visibles sur la plateforme Le.taxi. Cette règle s’applique aussi dans les DOM, sans exception. En clair, une géolocalisation publique permet aux clients d’identifier un taxi disponible à proximité.
Attention : le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions administratives ou un refus de délivrance de la carte professionnelle.
Point d’attention sur la mobilité professionnelle
Un chauffeur métropolitain ne peut pas s’installer en DOM en claquant des doigts. Il doit :
- Suivre une formation mobilité professionnelle, souvent obligatoire.
- Réaliser les démarches d’inscription auprès de la CMA locale.
- Passer l’examen local (ou en obtenir l’équivalence, ce qui est rare).
- Obtenir une nouvelle carte professionnelle.
- Acheter ou obtenir une ADS locale.
- Mettre à jour ses contrats d’assurance, ses obligations URSSAF, et l’ensemble des documents administratifs.
Il s’agit bien d’un changement complet de territoire d’exercice, pas d’un simple déménagement.
Exercer comme taxi dans les DOM-TOM en 2025 peut offrir de vraies opportunités, à condition de bien anticiper les spécificités locales et de construire un projet professionnel rigoureux.
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