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Uber, Bolt, Heetch : Quels risques pour les taxis qui se lancent sur ces plateformes ?

Uber, Bolt, Heetch : les taxis peuvent-ils travailler avec ces applications ?

Par Kevin Castel

En 2025, un taxi peut-il légalement rouler pour Uber, Bolt ou Heetch ? Oui, mais pas n’importe comment. Et surtout, pas au prix de son statut. Dans un secteur tendu, où la réglementation est précise au centime près et au mètre de stationnement, travailler avec une plateforme nécessite de bien comprendre ce qu’on y gagne… et ce qu’on risque.

Uber, Bolt : ouverture récente, mais encadrée

Depuis 2022, Uber a ouvert son application aux taxis. Pas aux VTC, aux vrais taxis, détenteurs d’une ADS (Autorisation de Stationnement). Ce service, baptisé Uber Taxi, fonctionne comme un canal de réservation supplémentaire.

Le tarif reste celui du taxi, pas celui d’Uber. C’est le point clé. Le client voit le prix calculé sur la base du taximètre, selon les tarifs préfectoraux. Le chauffeur garde son statut. Il est toujours taxi. Il n’est pas transformé en VTC déguisé.

Bolt suit la même logique. En Île-de-France, la plateforme propose aussi une option Taxi. Les réservations arrivent via l’application, le client est prélevé, et le chauffeur est payé par virement, comme avec une centrale classique.

Heetch : inaccessible aux taxis en 2025

Heetch, en revanche, reste réservée aux chauffeurs VTC. Le modèle économique repose sur des commissions faibles, mais une logique VTC stricte : réservation obligatoire, pas de maraude, pas d’accès aux stations ni aux voies bus.

Certains chauffeurs cumulant une double carte (Taxi + VTC) peuvent y avoir recours, mais cela impose deux cadres juridiques distincts. Il faut jongler entre les statuts, les obligations, et surtout, rester clair vis-à-vis des autorités.

Oui, un taxi peut travailler avec une application, mais…

Tout l’enjeu est là : conserver les droits du taxi tout en profitant du numérique. C’est possible, à condition de :

  • Respecter les tarifs réglementés. Pas de tarification libre comme chez les VTC. Le compteur reste roi.
  • Rester transparent sur l’application. Si le client pense faire appel à un VTC et découvre un taxi, cela crée des tensions.
  • Ne pas renoncer à ses canaux traditionnels : la maraude, les stations, la centrale téléphonique… restent des sources majeures de revenus.

Certaines plateformes ne connaissent pas les contraintes locales. Exemple : un taxi ne peut pas accepter une course hors de sa zone d’autorisation (commune ou groupement), même si l’appli le lui propose.

Le.Taxi : l’alternative publique

L’État a mis en place le.taxi, une application gratuite, réservée aux taxis titulaires d’une ADS. Son fonctionnement : le chauffeur s’y connecte, son statut “libre” apparaît aux clients à proximité. C’est de la maraude numérique, 100 % conforme à la loi. L’application respecte la zone d’autorisation du taxi, propose un tarif au compteur, et offre un historique complet des courses. Elle est reliée à des partenaires comme Karhoo, TaxiProxi, ou certaines mairies.

Le vrai danger : oublier le métier

Un taxi qui se repose uniquement sur Uber ou Bolt oublie peu à peu ses droits spécifiques : priorité dans les voies de bus, accès sans réservation aux gares, droit à la maraude… Ces avantages sont incompatibles avec le statut VTC.

En se laissant aspirer par les logiques des plateformes, certains chauffeurs finissent par perdre leur autonomie. Ils deviennent dépendants d’un algorithme, d’une notation client, et d’un planning imposé par une appli. Un taxi reste libre. Il choisit ses horaires. Il peut refuser une course. Il ne reverse pas 25 % de commission à une société étrangère. Ce n’est pas un détail.

Comment s’inscrire en tant que taxi sur une plateforme ?

  • Se rendre sur le site professionnel d’Uber ou Bolt.
  • Fournir sa carte pro Taxi, son ADS, sa carte grise et une attestation d’assurance.
  • Signer un contrat spécifique Taxi (pas VTC).
  • Être prêt à déclencher le compteur à chaque course, même si l’application affiche un prix.

Le mot du chauffeur avisé

Utiliser les plateformes, oui. Mais sans lâcher ses droits. Sans oublier ce qui distingue un taxi d’un VTC : un tarif public, un accès aux voies réservées, une régulation, une vraie carte pro délivrée après un examen sérieux.

Un taxi peut travailler avec Uber ou Bolt, à condition de rester taxi, et non de se diluer dans un modèle qui ne reconnaît ni la maraude, ni l’ancienneté, ni l’examen.

Crédit photo : © freestocks.org – Pexels

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