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Refuser une course en VTC

Refuser une course en VTC : une liberté légale qui comporte des risques

Peut-on refuser une course en VTC ? Ce que disent la loi et l’algorithme

Par Kevin Castel

C’est une question que tous les nouveaux chauffeurs se posent à un moment : est-ce que j’ai le droit de refuser une course ? En 2025, la réponse est simple sur le plan légal, mais beaucoup plus nuancée en pratique. Car ce que vous gagnez en liberté, vous risquez de le perdre en visibilité.

Une liberté légale encadrée par les plateformes

En tant que chauffeur VTC, vous n’êtes pas tenu légalement d’accepter toutes les courses. Contrairement aux taxis, vous n’avez pas d’obligation de prise en charge. La loi vous laisse donc le choix.

Mais attention : les plateformes avec lesquelles vous travaillez — Uber, Bolt, Heetch ou autres — ne voient pas cela d’un très bon œil. Leur algorithme, lui, surveille votre taux d’acceptation comme le lait sur le feu. Trop de refus, et votre profil peut être dépriorisé, voire suspendu temporairement. La sanction est rarement annoncée comme telle, mais elle se ressent très vite dans la baisse du nombre de propositions.

Refuser une course peut avoir des conséquences indirectes

Un client à qui l’on refuse la course ne laisse pas toujours passer l’affaire. Même si vous n’apparaissez pas comme responsable du refus, le client peut vous retrouver et noter négativement votre profil. À prix égal, le passager choisira toujours le chauffeur avec la meilleure note.

Dans certains cas, les plateformes peuvent interpréter une série de refus comme une inactivité partielle ou comme un manquement au “contrat moral” de réactivité. Là encore, pas de lettre recommandée, mais un silence brutal de l’appli: moins d’opportunités, moins de primes, voire une fermeture du compte.

Des cas de refus parfaitement légitimes

Certaines situations justifient totalement un refus — à condition de rester professionnel dans la démarche.

  • Lieu inaccessible ou dangereux : Si le point de rendez-vous est situé dans une zone bloquée, en travaux, ou rendue risquée par une manifestation, vous avez le droit de refuser. Idem si vous êtes déjà engagé avec un autre client à proximité.
  • Risque matériel immédiat : Un passager couvert de boue, avec des objets encombrants ou en état d’ébriété avancé peut mettre votre véhicule en péril. Le refus est justifié si vous pouvez démontrer le risque réel.
  • Conditions de sécurité non réunies : Une surcharge manifeste, un objet dangereux ou une attitude menaçante constituent des motifs clairs de refus. En revanche, vous ne pouvez jamais refuser un chien d’assistance ou un chien guide.

Pourquoi certains refus peuvent vous coûter cher

Les chauffeurs expérimentés refusent rarement sans réfléchir. Un trajet de 800 mètres en pleine heure creuse ? Peut-être. Mais refuser systématiquement les courses vers des quartiers périphériques ou des destinations jugées “pas rentables” peut vite vous isoler de l’algorithme. Et à long terme, de vos clients. Certains refus traduisent surtout une mauvaise organisation de vos horaires. Si vous travaillez aux mauvaises heures, vous recevez les mauvaises courses. Et si vous les refusez trop souvent, la boucle est bouclée.

Par-dessus tout : gérer intelligemment les refus

Pour garder la main sans se faire sortir du jeu, mieux vaut adopter une stratégie. Voici quelques pratiques recommandées :

  • Travailler pendant les bonnes plages horaires, celles où la demande est forte. Vous recevrez des courses plus longues et mieux rémunérées, donc moins de raisons de refuser.
  • Analyser vos données : Quels types de trajets refusez-vous le plus souvent ? Sont-ils vraiment non rentables, ou mal perçus ? Prenez une semaine pour noter et comparer.
  • Diversifier les canaux : En combinant plusieurs plateformes et en développant votre propre clientèle directe (site, Google Business, hôtels), vous reprenez la main sur votre activité.
  • Expliquer poliment : Lorsqu’un refus est inévitable, un petit mot au client ou une réponse via l’appli permet d’éviter les malentendus. Ce n’est pas obligatoire, mais c’est souvent utile pour désamorcer les tensions.

Un refus, ce n’est pas une faute. Mais c’est une décision qu’il faut gérer avec rigueur. Car dans le monde du VTC, votre crédibilité se joue parfois sur un détail. Une course refusée, mal justifiée, peut avoir plus de conséquences qu’elle n’en avait l’air au départ.

Crédit photo : © Freepik

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