Créer sa propre compagnie de taxi en 2025, ce n’est pas seulement acheter des voitures et leur installer un gyrophare. C’est entrer dans un cadre administratif très exigeant, gérer des investissements importants, mais aussi saisir une opportunité concrète d’indépendance et de rentabilité.
Les fondamentaux à ne pas négliger
Avant toute chose, il faut une carte professionnelle de taxi. Elle s’obtient après une formation dans un centre agréé et un examen départemental. Comptez entre 3 et 6 mois de préparation, avec un mélange d’épreuves théoriques (réglementation, gestion, sécurité) et pratiques (conduite, orientation locale). Et ne rêvez pas : aucun centre ne vous la donnera sans effort.
Ensuite vient l’ADS, l’Autorisation de Stationnement, aussi appelée licence. Elle est obligatoire pour avoir le droit de stationner et marauder sur la voie publique.
Il existe deux types d’ADS :
- Celles d’avant octobre 2014 : cessibles, souvent vendues entre 30 000 et 200 000 € selon la ville.
- Celles d’après octobre 2014 : gratuites, incessibles, valables 5 ans, mais délivrées uniquement sur liste d’attente. Et la file est longue dans les grandes agglomérations.
Investir, mais pas aveuglément
Un taxi ne peut pas être n’importe quelle voiture. Il doit respecter les normes locales imposées par l’autorité qui délivre l’ADS. Par exemple, certains territoires n’autorisent que des véhicules électriques ou hybrides. D’autres exigent des équipements pour personnes à mobilité réduite.
En plus du véhicule, il faut prévoir :
- Un taximètre homologué,
- Un terminal de paiement,
- Une signalétique lumineuse conforme,
- Une assurance professionnelle,
- Et un compte bancaire dédié.
À Paris, par exemple, le ticket d’entrée complet, entre l’achat du véhicule, l’équipement, les assurances et la licence, peut frôler les 70 000 €. À Lille ou Nantes, on descend autour de 40 000 € si on est sur une ADS gratuite.
Devenir son propre patron : liberté ou piège ?
Créer sa propre compagnie de taxi, c’est choisir son rythme, ses clients, ses zones d’activité (dans les limites de l’ADS), et parfois même ses tarifs, s’ils concernent des services hors-maraude (forfaits entreprises, circuits touristiques…).
Mais l’autonomie a un prix : la comptabilité, la gestion des charges, les déclarations à l’URSSAF, c’est vous. Pas votre centrale. Pas votre client. Vous. En 2025, toute erreur de déclaration sur vos revenus estimés peut provoquer un rattrapage désagréable. L’URSSAF ajuste les cotisations en cours d’année : si vous avez déclaré trop bas, le surplus sera prélevé… en une fois. Et ça pique.
Dans l’absolu, vous n’êtes pas obligé de créer votre propre compagnie de taxi. Beaucoup exercent en tant que salariés ou même en tant qu’entrepreneurs individuels, et s’en sortent très bien.
Anticiper pour mieux grandir
Dès que l’activité tourne, certains chauffeurs pensent à embaucher, créer une petite flotte, ou se structurer en société (EURL, SASU…). Attention : il faut une ADS par véhicule, donc une par chauffeur. Et on l’a vu plus haut, elles sont très coûteuses ou compliquées à obtenir. C’est ici que l’accompagnement externe peut faire la différence. Bpifrance, par exemple, propose un programme “Accélérateur Transport Routier” avec des conseils stratégiques, du financement, et un réseau de partenaires. C’est conçu pour ceux qui veulent aller au-delà du simple volant.
Rentabilité : pas une promesse, mais un équilibre
Les variables sont nombreuses :
- La densité de population locale,
- L’usage d’une appli de réservation (Le.taxi, G7, autres),
- Les partenariats pro (cliniques, hôtels, entreprises),
- Le temps mort entre deux clients,
- Le taux de trajets à vide.
Un taxi qui tourne à 70 % de son temps peut dégager entre 2 500 et 4 000 € de bénéfice mensuel, selon la ville, les horaires et la maîtrise des charges. Mais si le véhicule reste garé, les charges fixes continuent, elles.
Le métier en 2025 : entre pression écologique et concurrence numérique
Les ZFE (Zones à Faibles Émissions) excluent progressivement les véhicules diesel et essence trop anciens. Cela oblige les professionnels à investir dans des modèles propres, souvent plus coûteux à l’achat, mais économiques à l’usage. En contrepartie, ces véhicules ont accès aux zones centrales, parfois interdites aux VTC.
Les plateformes numériques modifient les usages. Pour tenir, les taxis misent sur la qualité de service, la régularité, la sécurité, mais aussi la présence numérique (avis clients, géolocalisation, réservations directes).
Être taxi-entrepreneur, ce n’est pas être seul
Un bon comptable, une centrale coopérative, une formation continue, des outils numériques adaptés : ce sont autant de partenaires silencieux, mais décisifs. Même pour un indépendant, travailler en réseau, c’est aller plus loin.
Créer sa compagnie de taxi, c’est possible. Et en 2025, c’est plus structuré que jamais. Mais il faut être prêt, rigoureux, et informé. Parce que si vous voulez tenir la route, mieux vaut savoir la lire.
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