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Devenir chauffeur de taxi en auto-entrepreneur mission possible ou mirage administratif

Devenir chauffeur de taxi en auto-entrepreneur : mission possible ou mirage administratif ?

Peut-on être taxi en auto-entrepreneur ?

Par clf formation

Oui, c’est possible. Mais attention, cela ne signifie pas que c’est toujours une bonne idée. Le statut d’auto-entrepreneur n’est pas naturellement conçu pour une activité comme celle de chauffeur de taxi. Cependant, dans certaines situations bien précises, il peut être viable. Encore faut-il bien comprendre les conditions et les limites.

Licence de taxi : le sésame indispensable

Avant toute chose, pas de licence, pas de taxi. Cette licence (ou « autorisation de stationnement ») peut être achetée, louée, ou obtenue gratuitement auprès de la mairie (mais avec un temps d’attente souvent plus long qu’un vendredi soir à une station de taxis parisienne).

  • Achat : les prix varient entre 30 000 € et 300 000 € selon la ville. Paris se situant dans la fourchette haute, bien entendu.
  • Location : option plus accessible, avec un coût entre 200 € et 400 € par semaine.
  • Attribution gratuite : une liste d’attente interminable et des critères stricts.

Le choix de la licence impacte directement la rentabilité. Un auto-entrepreneur qui loue sa licence et qui doit absorber les autres charges peut vite voir son chiffre d’affaires s’évaporer.

La carte professionnelle : passage obligé

Ne s’improvise pas taxi qui veut. Il faut une carte professionnelle délivrée par la préfecture. Pour l’obtenir, il faut :

  • Réussir un examen spécifique (épreuves théoriques et pratiques).
  • Effectuer une visite médicale.
  • Ne pas avoir de casier judiciaire (du moins, pas de mention incompatible avec l’exercice du métier).

Sans cette carte, impossible de prendre un client légalement.

Auto-entrepreneur et plafond de chiffre d’affaires : attention à la marche

Le régime de la micro-entreprise impose un plafond de chiffre d’affaires annuel à 77 700 €. Facile à atteindre dans une grande ville avec une forte demande, mais une fois ce seuil dépassé, il faudra changer de statut. Ce qui implique de nouvelles obligations comptables et fiscales.

Ajoutons à cela les charges sociales : environ 21,2 % du chiffre d’affaires. Contrairement à un salarié, l’auto-entrepreneur ne déduit pas ses frais professionnels avant imposition.

Carburant, entretien, location de licence… Tout sort de sa poche, sans allégement fiscal.

Coût du véhicule et équipements obligatoires

Un taxi, ce n’est pas une simple voiture avec un client à l’arrière. Certaines obligations matérielles sont incontournables :

  • Un véhicule avec maximum 9 places.
  • Un compteur homologué (pas question de faire ça au doigt mouillé).
  • Une imprimante pour fournir un reçu.
  • Un lumineux sur le toit pour indiquer la disponibilité.
  • Un terminal de paiement électronique (depuis 2015, c’est obligatoire).

Le prix d’achat d’un véhicule neuf peut atteindre 50 000 €. Une alternative économique est l’achat d’un modèle d’occasion ou la location longue durée.

Assurance et fiscalité : ne pas oublier ces dépenses

Un taxi doit souscrire une assurance spécifique, plus coûteuse qu’une assurance auto classique. Comptez au minimum 1 500 € par an, selon les garanties souscrites.

Côté fiscalité, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Versement libératoire de l’impôt sur le revenu (si le revenu fiscal de référence ne dépasse pas un certain seuil).
  • Déclaration au barème progressif (intégration des revenus dans la déclaration globale).

Rentabilité : les chiffres qui comptent

Un chauffeur de taxi peut générer un chiffre d’affaires entre 3 000 € et 7 000 € par mois, selon la ville et le volume de travail. Mais il faut en déduire :

  • Carburant : de 500 € à 1 500 € par mois.
  • Location ou amortissement du véhicule.
  • Location ou remboursement de la licence.
  • Assurances et cotisations sociales.
  • Entretien du véhicule.

Marge nette réelle ? Beaucoup plus faible qu’il n’y paraît.

Auto-entrepreneur taxi : une bonne idée ?

Le statut peut convenir si vous avez déjà une licence gratuite et un véhicule amorti. En revanche, si vous devez acheter une licence et financer un véhicule neuf, mieux vaut envisager un autre statut. L’auto-entreprise limite les déductions fiscales et pose rapidement des problèmes de rentabilité.

Une alternative intéressante ? Passer en entreprise individuelle ou en société pour optimiser les charges et éviter le plafond restrictif de la micro-entreprise.

Avant de se lancer, mieux vaut faire ses calculs. Car dans ce métier, l’addition peut vite grimper.

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