Depuis juin 2025, l’obligation nationale d’instaurer une ZFE dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants a été supprimée. L’Assemblée nationale a voté un texte qui redonne la main aux collectivités locales.
Ce changement ne signifie pas la disparition des ZFE.
Douze métropoles maintiennent leur dispositif, avec parfois des mesures renforcées. Paris, Lyon, Strasbourg, Grenoble, Marseille ou encore Toulouse appliquent toujours des restrictions d’accès basées sur la classification Crit’Air des véhicules.
La loi n’est pas encore définitive : elle doit encore passer par le Sénat et le Conseil constitutionnel. Cependant, les interdictions en vigueur ne sont pas suspendues pour autant.
Crit’Air : un calendrier contraignant déjà engagé
Les véhicules sans vignette, Crit’Air 5 et Crit’Air 4 sont désormais exclus de la majorité des ZFE.
Dans certaines agglomérations, les Crit’Air 3 sont également interdits depuis janvier 2025. Cela concerne déjà plusieurs centaines de chauffeurs.
À partir de 2028, plusieurs villes comme Lyon prévoient d’interdire les véhicules Crit’Air 2, incluant encore une majorité de motorisations thermiques modernes. Initialement prévue pour 2025, cette interdiction a été reportée pour laisser aux professionnels le temps de s’adapter.
Pour les VTC, des obligations renforcées dès 2025
La réglementation spécifique aux VTC se durcit.
Les motorisations thermiques sont d’ores et déjà exclues dans les 48 ZFE françaises. Seuls les véhicules électriques ou hybrides rechargeables émettant moins de 50g de CO₂/km sont autorisés.
Autres obligations spécifiques :
- Formation initiale étendue à 250 heures
- Formation continue obligatoire tous les 5 ans (14 heures)
- Certificat médical à renouveler tous les 5 ans
- Audit technique semestriel du véhicule
La conformité devient un axe de contrôle prioritaire. Les Brigades de Contrôle VTC, mises en place en 2024, réalisent des contrôles inopinés, avec des amendes allant jusqu’à 1 500 € pour un véhicule non conforme.
Financer la transition : aides publiques et soutien des plateformes
L’objectif est clair : 80 % des VTC devront être électriques d’ici 2026. En 2030, les véhicules thermiques seront totalement interdits pour l’activité VTC.
Pour accompagner ce changement, plusieurs dispositifs peuvent être cumulés :
- Bonus écologique : jusqu’à 4 000 € selon les revenus
- Prime à la conversion : jusqu’à 5 000 € pour les gros rouleurs
- Prime européenne : 1 000 € supplémentaires pour un véhicule assemblé en Europe avec batterie locale
- Aide Île-de-France Mobilités : jusqu’à 6 000 €
- Montant total cumulable : jusqu’à 11 000 €
Certains acteurs privés complètent ces aides :
- Uber : aide moyenne de 4 500 €
- Marcel : bonus pouvant atteindre 1 250 €/mois
Dérogations et solutions temporaires pour lisser la transition
Toutes les situations ne permettent pas un remplacement immédiat. Des dérogations temporaires existent :
- Dérogation “petit rouleur” : 52 jours/an de circulation autorisée en ZFE, sur demande via la plateforme Toodego
- Dérogation 12 mois : applicable si le véhicule Crit’Air 0 ou 1 commandé présente un délai de livraison important
Une autre piste technique est le retrofit : transformation du moteur thermique en électrique, avec une aide de 1 500 € pour les personnes morales. Cette solution est envisageable notamment pour des véhicules récents ou à forte valeur d’achat.
Quelles actions engager dès maintenant ?
2025-2026 : phase de diagnostic et de préparation
- Vérifier la conformité Crit’Air de votre véhicule
- Constituer un dossier pour mobiliser les aides publiques
- Suivre les formations réglementaires et écoconduite
- Diversifier les plateformes de travail
2026-2028 : phase de consolidation
- Investir dans un véhicule Crit’Air 0
- Prévoir une solution de recharge adaptée à l’usage
- Adapter votre zone de prospection aux contraintes locales
Anticiper ville par ville : une nécessité stratégique
Chaque métropole conserve la possibilité d’adapter son calendrier. Cela implique une veille active sur les décisions locales.
Un véhicule autorisé à Marseille pourrait ne plus l’être à Lyon.
Il est donc essentiel de consulter régulièrement les arrêtés municipaux, suivre les actualisations des plateformes professionnelles, et se rapprocher des organisations de chauffeurs pour coordonner les actions collectives.
Plus la transition est anticipée, moins elle est coûteuse. Chaque aide non mobilisée est une perte sèche pour l’exploitant.

