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Pourquoi les chauffeurs de taxi et vtc délaissent Paris pour les villes intermédiaires

Pourquoi les chauffeurs de taxi et vtc délaissent Paris pour les villes intermédiaires

Par Kevin Castel

Alors que les grandes métropoles saturent, les territoires à faible densité se révèlent être un nouveau terrain d’expansion pour les chauffeurs de taxi et VTC.
81 % des chauffeurs VTC exercent encore en Île-de-France, concentrant plus de 70 % de l’activité nationale. À Paris, plus de 30 000 véhicules VTC et taxis circulent, générant un quart du trafic automobile — une offre clairement excédentaire.

À l’inverse, les zones rurales et villes moyennes souffrent d’un déficit de mobilité. Dans ces territoires, les taxis constituent souvent le seul service disponible, notamment pour le transport médical, scolaire ou touristique.
Le marché s’ouvre donc à ceux qui savent combiner proximité, flexibilité et diversification.

Quel est le potentiel du transport médical conventionné (CPAM) ?

Le transport sanitaire conventionné reste le pilier économique des taxis en milieu rural. Il garantit des revenus stables et récurrents, grâce aux trajets médicaux réguliers (dialyse, chimiothérapie, hospitalisation).

Moyennes de revenus par type de zone

Zone d’activité Revenu moyen par course CPAM Particularités
Urbaine 61 € Forte rotation, distances courtes
Périurbaine 45–55 € Mixte (patients + clients occasionnels)
Rurale 40–50 € Trajets longs, fidélisation assurée
Longue distance 80–120 € Potentiel en baisse avec la réforme 2025

Cependant, la réforme tarifaire de 2025 introduit une baisse des remboursements sur les longues distances, particulièrement fréquentes dans les zones rurales.
Les chauffeurs doivent donc anticiper une baisse des marges et chercher à compenser via des services complémentaires.

Comment les taxis peuvent-ils répondre aux « déserts de mobilité » ?

Près de 40 % des Français n’ont pas accès à un réseau de transport collectif. Le temps moyen pour parcourir 50 km en transport public atteint 3h08.
Les taxis et VTC deviennent ainsi des acteurs clés de la mobilité quotidienne.

L’État investit 90 millions d’euros sur 3 ans pour déployer des services de Transport à la Demande (TàD), souvent opérés par des taxis locaux.
Les appels d’offres publics se multiplient pour connecter zones rurales, gares et établissements médicaux.

Exemples de dispositifs soutenus :

  • Fonds Mobilité Rurale : financement d’expérimentations TàD sur 3 ans
  • Versement Mobilité Régional et Rural (VMRR) : soutien au transport local
  • Contrats de coopération intercommunale : subventions pour flottes mutualisées

Le tourisme local peut-il devenir une nouvelle source de revenus ?

Les villes moyennes connaissent une renaissance. Grâce au programme Action Cœur de Ville, 234 villes ont bénéficié de 3,8 milliards d’euros d’investissements publics.
Elles attirent touristes français et étrangers cherchant un cadre plus authentique et accessible.

Opportunités touristiques à fort potentiel :

  • Visites guidées sur mesure (circuits œnologiques, patrimoine local)
  • Transferts gare-hôtel ou aéroport-région
  • Services VIP pour hôtels et agences immobilières
  • Courses événementielles (festivals, mariages, congrès)

Les services de taxi touristique combinent rentabilité et image de marque locale. Dans des villes comme La Rochelle, Annecy ou Vannes, la demande dépasse désormais l’offre disponible.

Quelles villes moyennes offrent le plus fort potentiel de croissance ?

Les plateformes numériques s’intéressent désormais aux villes de 100 000 à 200 000 habitants. Uber, Bolt ou Heetch y multiplient les ouvertures.
Depuis 2022, 100 % des nouvelles zones Uber concernent des villes moyennes, avec une croissance projetée à +17 % par an d’ici 2035.

Ville Lancement Population (agglomération) Croissance annuelle estimée
Annecy 2022 180 000 +16 %
Brest 2023 210 000 +17 %
La Rochelle 2023 160 000 +18 %
Clermont-Ferrand 2023 300 000 +15 %
Vannes 2024 150 000 +19 %

Ces territoires offrent une densité suffisante pour rentabiliser un véhicule, sans la concurrence extrême des métropoles.

Quels sont les principaux défis à relever ?

  1. Rentabilité inégale selon les territoires
Type de zone Revenu net mensuel estimé Revenu horaire net Difficultés principales
Rurale 600–1 400 € 7–8 €/h Temps morts, trajets longs
Urbaine 1 200–3 800 € 10–12 €/h Concurrence accrue
Ville moyenne 1 500–2 500 € 9–11 €/h Marché en structuration
  1. Concurrence asymétrique

Les taxis affrontent des autocaristes low-cost sur les marchés publics, tandis que la concurrence VTC reste marginale en campagne.
Cette dualité oblige à trouver un positionnement de service différenciant.

  1. Investissement initial élevé
Zone Prix moyen d’une licence Investissement global (véhicule, assurance, fonds de roulement)
Rurale 25 000 € 20 000–40 000 €
Ville moyenne 80 000 € 40 000–69 000 €
Métropole 160 000 € >70 000 €

Quelles stratégies de réussite adopter ?

Diversifier les sources de revenus

  • Transport de colis express (e-commerce, urgences industrielles)
  • Partenariats B2B : hôtels, entreprises, zones d’activité
  • Services aux PMR et seniors : accompagnement personnalisé
  • Courses touristiques haut de gamme : conciergerie, Wi-Fi, confort à bord

Coopérer avec les collectivités

Les contrats de Transport à la Demande ou de navettes partagées garantissent un volume régulier de trajets.
Exemple : TOTOOM, en Auvergne-Rhône-Alpes, mutualise les courses entre gares, aéroports et zones rurales via des navettes à la demande.

Adopter le numérique et la mutualisation

  • Inscription obligatoire sur le.taxi (plateforme nationale)
  • Utilisation d’outils comme TaxyMatch pour le covoiturage taxi
  • Mutualisation de flottes entre artisans pour absorber la demande sans charges fixes supplémentaires

Miser sur le positionnement premium

Les taxis ruraux peuvent se démarquer par :

  • Des véhicules récents et entretenus
  • Une relation humaine de proximité
  • Des services complémentaires (prise en charge à domicile, réservation à l’avance, confort haut de gamme)
  • Une image écoresponsable grâce aux véhicules hybrides ou électriques

Quelles perspectives pour les 5 prochaines années ?

Le redéploiement territorial post-Covid favorise les villes intermédiaires.
81 % des habitants de ces villes préfèrent y rester plutôt que de rejoindre une métropole, et l’emploi y croît de +3 %.
Les plateformes VTC accélèrent leur expansion, tandis que les collectivités soutiennent la mobilité partagée.

La combinaison de ces facteurs crée une opportunité structurelle pour les taxis et VTC prêts à investir dans :

  • la digitalisation,
  • la coopération locale,
  • et la polyvalence des services.

FAQ – Taxis et VTC en zones rurales et villes moyennes

Quels sont les revenus moyens d’un taxi conventionné en zone rurale ?
Entre 40 et 50 € par course CPAM, avec un revenu mensuel net allant de 1 000 à 1 400 €, selon le volume et la distance.

Les VTC peuvent-ils travailler en milieu rural ?
Oui, mais le volume reste limité. Les plateformes (Uber, Bolt) commencent à s’y déployer, surtout dans les villes moyennes.

Comment obtenir un conventionnement CPAM ?
Il faut disposer d’une licence de taxi, d’un véhicule conforme et d’un agrément délivré par la CPAM départementale après vérification des conditions d’exercice.

Les taxis ruraux sont-ils aidés financièrement ?
Oui, plusieurs aides existent : subventions à l’électrification, Versement Mobilité Régional et Rural (VMRR), aides à la transition énergétique.

Quel type de véhicule est le plus rentable ?
Un modèle hybride ou diesel à faible consommation, adapté à la route, avec un entretien préventif maîtrisé. Les électriques deviennent rentables dès 60 000 km/an avec aides locales.

Peut-on mutualiser les flottes entre artisans ?
Oui. La mutualisation via des groupements ou applications communes permet de partager les charges, d’optimiser les trajets et de répondre aux appels d’offres plus importants.

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